Opinion/Rencontre Alpha Condé Cellou Dalein Diallo: Et après ?

En Guinée, l’heure est à la recherche de solutions pour faire baisser la tension, suite aux élections locales du 4 février dernier dont l’opposition continue de contester les résultats à travers des manifestations qui ont déjà occasionné une douzaine de morts. C’est dans ce contexte que le président Alpha Condé a invité le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, à une concertation pour tenter de trouver une issue à cette crise qui pollue l’atmosphère sociopolitique dans le pays. Deuxième du genre après celle de 2016, cette rencontre entre le chef de l’Etat et le leader de l’opposition, se veut une tribune d’échanges francs et directs entre les deux hommes, eu égard aux nombreuses divergences qui les opposent. Aussi convient-il de saluer cette initiative du président guinéen, qui participe sans nul doute de la décrispation de l’atmosphère sociopolitique, d’autant plus qu’elle intervient au lendemain de la manifestation des femmes qui dénonçaient les violences meurtrières qui tendent à caractériser les manifestations politiques dans leur pays. Et la rencontre entre les deux hommes ne pouvait pas mieux tomber, puisqu’il s’agit aussi de trouver une solution à la crise postélectorale, sachant qu’il ne s’agit là que des élections locales qui annoncent peut-être déjà la couleur pour les législatives et la présidentielle à venir. Mais une chose est de se rencontrer pour discuter à bâtons rompus, une autre est de traduire en actes la volonté d’apaisement affichée lors de ces discussions qui semblent avoir donné satisfaction à l’hôte d’un jour du locataire du palais Sékoutouréya. « On a eu une discussion longue et franche. J’ai pu librement exprimer mes préoccupations et défendre les revendications de l’opposition dans son ensemble. Et je pense que j’ai été entendu », a laissé entendre Cellou Dalein Diallo, à sa sortie d’audience.

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Il est temps, pour la Guinée, de rompre avec les violences en politique

Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car le mal guinéen semble profond. Si fait que l’on est porté à se demander ce qu’il adviendra après ces discussions entre le chef de l’Etat et son principal opposant. Le pouvoir prendra-t-il en compte les préoccupations de l’opposition ou bien se résoudra-t-il, d’ici quelques mois, à les jeter aux oubliettes quand sera passé l’orage? On attend de voir. D’autant plus qu’un comité de suivi des accords politiques a été mis sur pied, présidé par le ministre de l’Administration et de la décentralisation, dont on attend qu’il vide le contentieux électoral. En tout cas, pour sa part, l’opposition dit suspendre ses manifestations en attendant de voir le traitement qui sera fait par le comité de suivi. C’est déjà cela de gagné. Un geste qui peut être perçu comme une volonté d’apaisement de la part de l’opposition. Il revient maintenant au comité de suivi de se montrer à la hauteur de sa mission pour éviter un retour prématuré à la rue qui a déjà suffisamment endeuillé les Guinéens. En tout état de cause, comme on l’a souvent dit et répété, il est temps, pour la Guinée, de faire évoluer le débat démocratique et de rompre avec les violences en politique, qui ne renvoient qu’une mauvaise image de leur pays où élections semblent rimer avec violences. Cela n’est pas à l’honneur du démocrate dont Alpha Condé se réclame. C’est pourquoi il faut espérer qu’il mettra un point d’honneur à bien terminer la concertation qu’il a entreprise avec l’opposition, à l’effet de désamorcer la crise. Il y va de l’intérêt de la Guinée.
Par lepays
Moussa Diawara
Journaliste reporter d'images, administrateur Gl à reporterguinee.net Aime le voyage, la lecture, la découverte et le sport