Qui a tué le président Thomas Sankara? Quel rôle a joué la France? La loi de l’omerta et du secret défense en France a bloqué dans les tiroirs les documents susceptibles d’apporter la lumière dans des zones de cette affaire depuis l’ère Mitterrand.
En visite à Ouagadougou, le président de l’Assemblée nationale française, Claude Bartolone, s’était dit favorable à une coopération entre les justices des deux pays, et avait déclaré que la France « aidera le peuple burkinabè à connaître tout de son passé ».
Ces déclarations allaient dans le sens de la veuve de Thomas Sankara et de ses partisans burkinabè, qui réclament que la France déclassifie certains documents diplomatiques des années 1984 à 1987 pour permettre à la justice de faire toute la lumière sur la mort du père de la Révolution burkinabè, assassiné le 15 octobre 1987, il y a trente et un an.
Le 15 mars 2017, le député français Pouria Amirshahi a appuyé cette demande de levée du secret-défense dans un courrier officiel adressé à François Hollande qui n’a fait que jongler le peuple burkinabè. Et c’est au moment où le Burkina Faso fête son 58 ème anniversaire de l’indépendance, que la France décide de lui offrir comme cadeau les archives de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara, père de la Révolution. Merci qui?
Le président français Emmanuel Macron avait promis en novembre 2017 de mettre à la disposition du Burkina Faso les documents d’archives dans le cadre de l’enquête sur la mort du président Thomas Sankara en 1987. Un an après, la promesse du président français qui avait à peine 10 ans au moment de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara , la justice burkinabè vient de recevoir un premier lot de documents d’archives, comprenant les dossiers des ministères français concernés, notamment de l’Europe et des Affaires étrangères, et ont été transmis au juge burkinabè en charge du dossier.
Ces documents d’archives demandés par la justice ont été transmis par la voie diplomatique aux autorités burkinabè le 9 novembre dernier, et ce n’est qu’un mois après que l’information est rendue publique . Dans le cabinet du juge d’instruction en charge du dossier Thomas Sankara, le travail de tri et de classifications des documents a commencé. Il s’agit de répertorier tous les documents ou pièces reçues, de les classifier et de leur attribuer des numéros afin de rendre facile leur exploitation. Il s’agit de documents déclassifiés : des pièces et des auditions de personnes dans le cadre de la commission rogatoire internationale.
Un deuxième lot de documents devrait suivre dans les semaines à venir. Dans un courrier, le juge d’instruction a déjà invité les avocats des différentes parties à les consulter. « Il y a des choses intéressantes qui vont sûrement conduire vers des pistes », souligne une source judiciaire. En effet, quatorze personnes sont soupçonnées avoir joué un rôle dans cette sale affaire, dont Blaise Compaoré, le médecin- colonel qui avait dressé un faux certificat du genre de décès ” mort naturelle ” , avec en sous-main, l’ancienne puissance coloniale, la France.
L’un des avocats de la famille Sankara salue le respect des engagements pris par le président français Emmanuel Macron lors de sa visite à Ouagadougou. Il assure qu’il s’agit d’une avancée significative dans la quête de la vérité sur l’assassinat du président Thomas Sankara.
africa24
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