“Le propriétaire ne veut pas loger ensemble un malinké et un peulh dans sa concession. Je pourrais chercher un autre endroit pour toi, si tu veux”. Ces propos à la fois surprenants et inquiétants sont tenus par un courtier appelé “démarcheur” chez nous en République de Guinée. C’est un secret de polichinelle, la rivalité politique est farouche entre peulhs et malinkés, les séquelles lointaines de la lutte pour l’accession à l’indépendance étant passées par là. Aussi, les récentes péripéties de conquête du pouvoir mettant parfois aux prises les candidats de ces groupes ethniques. Cependant, tout le monde ou presque ignorait jusqu’ici que leur rapport était dégradé au point que la cohabitation entre les deux communautés est devenue un sacrilège. Plus d’une fois nous avons été honteusement servis de ces propos par des propriétaires de maison. Nous avons cru difficilement à nos oreilles, mais c’est la triste vérité. Et pourtant à longueur de journée, dans les transports en commun, les cafés et les autres lieux publics, elles chahutent et se taquinent au quotidien. En plus du cousinage à plaisanterie qui date de belle lurette, les mariages sont scellés entre des membres de ces deux entités quantitativement les importantes du pays. Néanmoins, nous craignons l’avenir surtout connaissant la situation sociologique et le bouleversement politique qu’a connu le pays cette dernière décennie sur fond de tension ethnique ayant comme corolaire la fracture profonde du tissu social.
Par Moussa Diawara
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